PSYCHOPRATICIENNE - Psychothérapie individuelle pour adultes & adolescents
Membre adhérente du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie relationnelle et psychanalyse

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Contribution pour un article du magazine Marie-Claire "Vivre sans sa mère"


Le magazine web de Marie-Claire m'a demandé de contribuer à l'un de leurs articles sur le sujet "vivre sans sa mère". Voici le lien pour retrouver cet article de Stella Roca

Tout ce que j'ai rédigé en amont n'a pas été complètement repris et c'est normal, je vous partage l'intégralité de mon interview ici :

  • Qu'est-ce que cela vous inspire si je vous dis "vivre sans sa mère, qu'elle soit décédée ou absente" ?

Vivre sans sa mère, c’est comme vivre en ayant perdu un repère, un socle, une sécurité, un réservoir d’amour toujours prêt à se déverser ; c’est perdre une personne essentielle dans notre histoire et dont on ne peut pas faire abstraction même si l’on a souffert à cause d’elle.

Quand elle est décédée, beaucoup d’émotions peuvent se vivre, selon les personnes, selon leur vécu, les circonstances, il nous faut nécessairement cheminer dans ce deuil, face à cette absence tant physique qu’émotionnelle, face à ce manque viscéral. Quand elle est absente mais encore vivante, c’est le deuil de la relation qu’il faut traverser avec tous les sentiments qui peuvent l’accompagner (manque, impuissance, incompréhension, injustice, colère, tristesse, rancœur…).

  • Pourquoi est-ce si difficile de perdre sa maman, que l'on soit jeune ou que l'on soit plus âgée ?

Notre mère nous a donné la vie. Pendant les 9 mois de gestation, nous avons été au plus proche, physiquement, émotionnellement avec elle. Même si à la naissance le cordon ombilical a été coupé, même si on grandit, que l’on est peut-être déjà adulte, et même si on ne s’entend pas avec elle, ce lien charnel et fusionnel initial reste à jamais ancré en nous. Certaines personnes cherchent à le retrouver ensuite dans leurs relations amicales ou amoureuses. La vie n’est que séparations successives (et la toute première est celle de la naissance, séparation traumatisante) indispensables à traverser au mieux pour notre équilibre psychique et notre développement. Mais cette séparation d’avec la mère est une perte fondamentale. Certaines personnes le ressentent vivement dans leurs tripes, comme si elles n’arriveraient jamais à dépasser ce manque, comme si le cordon était de nouveau recoupé, et que cela était insurmontable. Particulièrement si on n’était pas en très bons termes, ou si la fin est brutale, inattendue, on peut avoir l’impression que des choses importantes n’ont pu être dites, qu’un pardon n’a pu être donné ou reçu, que l’on n’a pas pu lui dire combien on l’aimait… et le regretter amèrement, se sentir frustré. Les circonstances du décès, de l’absence jouent beaucoup sur les émotions ressenties.

  • La douleur est-elle la même selon les âges ? 

La douleur est vécue très différemment selon les âges. Cela dépend de chacun, des circonstances du décès, si on a pu quand même s’y préparer (dans le cas d’une maladie longue ou incurable par exemple), si cela a été un accident ou un suicide… Pour un enfant qui perd sa mère, il perd un amour irremplaçable, cet amour qui donne confiance en soi. Quand il était si jeune qu’il n’a pas vraiment compris le caractère définitif de la séparation ou qu’il n’a aucun souvenir de sa mère, la douleur sera probablement différente mais il restera ce manque viscéral. Cette absence n’est pas sans conséquences, mais l’enfant va pouvoir apprendre à se construire autrement en s’appuyant sur l’amour et l’affection des personnes qui s’occupent de lui. Quand la mère était une personne âgée, on peut se dire que c’est le sens de la vie, qu’il fallait que cela arrive un jour, la douleur ressentie peut être moins forte, cela peut même être un soulagement (si la mère était malade, en grande souffrance, très dépendante…) mais cela reste quand même une perte fondamentale. Bonne ou mauvaise, cette maman, était là avant nous et était là pour nous.

  • Pourquoi est-ce si difficile de vivre/grandir sans une figure maternelle ? 

La mère est indispensable pour l’enfant en construction. Pour un enfant qui perd sa mère, il lui manque quelque chose qui forme sa personnalité. En dehors de maladies psychiques ou d’incapacités à être dans son rôle de mère, elle aime inconditionnellement, elle est comme une étoile qui le guide, qui veille, celle avec qui on peut être complètement soi sans peur de perdre son amour. Elle apprend les valeurs, rassure, écoute, conseille, connaît intuitivement son enfant, détecte ses besoins, sa personnalité, ses moments difficiles… 

Heureusement, l’enfant ou l’adolescent, peut s’appuyer sur des figures maternelles de remplacement, soit dans son entourage familial proche (grand-mère, tante, marraine), soit à l’extérieur (enseignante, nounou…). Cependant, il est important de demander l’accompagnement d’un psychothérapeute si le besoin se fait sentir, en particulier à l’adolescence (période de grande fragilité émotionnelle, de changements physiques, de confrontations, cela pourrait engendrer beaucoup de culpabilité pour l’adolescent en crise…). Plus tard, en devenant parents, la figure maternelle peut particulièrement manquer à la jeune maman, qui ne peut plus compter sur l’expérience de sa mère comme une source fiable et qui comprend tout puisqu’elle est passée par là, ou au papa qui aurait besoin des conseils avisés de sa mère et parfois de sa présence (en cas de séparation avec sa compagne).

  • Quelles sont les conséquences d'une telle absence sur nos émotions, nos relations ?

Une femme ayant perdu sa maman enfant, disait que quelque chose s’était arrêté, avec une fragilité qui doit être compensée par une sorte de carapace pour se protéger. Pour la jeune fille, elle va grandir parfois sans autre modèle de référence, d’identification et elle devra apprendre toute seule à devenir une femme. Certaines personnes peuvent conserver longtemps le réflexe de vouloir appeler ou parler à leur maman pour partager une bonne nouvelle, un souci, une épreuve… La perte de la mère peut également jouer au niveau des fratries, le décès peut rassembler les enfants ensemble dans un élan de réconfort mais également déstructurer et faire éclater des familles à l’occasion de conflits larvés. 

Grandir sans maman, c’est pour beaucoup grandir avec la peur permanente de perdre les gens qu’ils aiment, la peur de l’abandon aussi dans les amitiés, les relations amoureuses. Ça rend l’amour compliqué, étant parfois sur ses gardes avant de pouvoir faire confiance à quelqu’un pour se lancer dans une relation. En amitié, cela peut provoquer le fait de ne pas trop s’attacher par prudence, ne pas se laisser approcher trop facilement.

  • Comment continuer à avancer malgré l'absence ?

Cela dépend de chacun, de l’âge où cela s’est passé, des circonstances. Que l’on soit un garçon ou une fille c’est aussi différent. Certaines personnes évoluent très bien malgré cette perte, créent leur propre cellule familiale, ont une vraie autonomie dans leur vie. Pour d’autres, le deuil semble impossible à traverser et les empêche d’évoluer pleinement. Quand la mère est absente, cela demande de traverser un deuil de la relation, de finir par accepter que la mère ne pût faire autrement. Que cette absence ne doit pas remettre en cause la capacité de la personne à se sentir digne d’être aimée. Le doute peut s’installer : si même ma mère ne m’aime pas assez au point de ne plus être dans ma vie, suis-je vraiment aimable ? Pour certaines personnes, cette épreuve de vie les a rendus plus fortes, car tout ce qui arrive après de grave ou de compliqué, cela semble moins important. Cela les fait relativiser davantage.


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