La théorie de l’attachement


385 vues
Lien attachement enfance

Dans nos relations : l’attachement sécure, évitant, anxieux et désorganisé

La théorie de l'attachement nous donne des clés pour comprendre nos fonctionnements relationnels : dans nos relations sociales, et en particulier nos relations amoureuses, nous retrouvons la manière dont nous nous sommes liés à nos parents (qui sont en général nos premières figures d'attachement).

Selon cette théorie, les bébés naissent avec des "Modèles Internes Opérants" d’attachement, qui se transmettent de manière transgénérationnelle (c’est-à-dire par les liens psychiques entre les membres d’une famille et leurs aïeuls). Ces modèles se complètent dès les premières années et se conservent toute la vie (sauf maladies, ruptures...). 

Cette théorie est introduite par John Bowlby – psychiatre et psychanalyste britannique - entre 1969 et 1980. Puis, Mary Ainsworth – psychologue du développement - va fonder la théorie de l’existence de schèmes d’attachements dans la 1ère année de vie : l'attachement sécure, évitant, anxieux et plus tard désorganisé. 

On peut quand même se questionner sur les risques d’un déterminisme. Selon le Dr. Nicole Guédeney, "lattachement de qualité sécure n’est pas le synonyme d’une vie merveilleuse où tout serait facile et l’attachement de qualité insécure n’est pas une fatalité".

Qu’est-ce que cet attachement ?

Le lien d’attachement est basé sur le besoin de sécurité, de protection et de contacts sociaux, fondamental chez les nourrissons et petits enfants qui s’attachent à ceux qui les soignent.

Pour se développer socialement et émotionnellement, un jeune enfant a besoin d’une relation d’attachement avec au moins une personne qui va prendre soin de lui de manière cohérente et continue (caregiver).

Dès sa naissance, il met en place des stratégies d’adaptation à son environnement relationnel. Ainsi, il intériorise la relation avec sa figure d’attachement et forme son Modèle Interne Opérant (dans lequel il y a ses propres perceptions de lui-même et les attentes qu’il perçoit de sa figure d’attachement : cela lui permet d'anticiper les réactions d’autrui).

Pour Bowlby, l’attachement à la figure maternelle sert de base de sécurité à l’enfant pour explorer l’environnement. L’attachement est apaisant car la figure maternelle lui offre un contenant psychique qui compense son immaturité face aux dangers (peur, douleur, angoisse de séparation…). Ce lien, devenant intériorisé, servirait ensuite de modèle à toutes les relations intimes et sociales. 

L’attachement réussi consisterait en la réponse appropriée à tous les signaux de l’enfant, permettant la construction du sentiment de confiance en soi et de sécurité du bébé qui affrontera mieux les séparations et les épreuves à venir. Cependant, il ne peut se former que s’il y a eu des milliers d’interactions réussies (soins rapides et efficaces apportés après la demande du besoin), et un petit nombre d’interactions non réussies, mais qui n’ont pas été destructrices.

Les 4 modèles d'attachement et leurs impacts dans nos relations

LE MODELE SECURE

> Il se développe quand la figure maternelle est disponible et sensible aux signaux de l'enfant.

> Elle répond à ses besoins, accepte ses émotions, se montre affectueuse et constante dans ses réponses. 

> L'enfant peut avoir confiance et sait que son parent va répondre quand il sera en danger. 

> ADULTE : cette personne est dans un état d’esprit autonome, s’enrichit de ses relations affectives, familiales et amicales sans en être complètement dépendante. Elle exprime ses émotions, recherche un soutien quand nécessaire et a une bonne estime de soi. Elle est à l’aise dans l'intimité de la relation avec l’autre, sans craindre d’être abandonnée ou envahie. Elle ne craint pas d’être seule parce qu'elle n'est pas dépendante de l’approbation extérieure.

LE MODELE EVITANT

> Il se développe quand il y a des interactions intrusives ou rejetantes de la part de la figure maternelle.

> Elle tient peu compte de l’état émotionnel de l’enfant. Il y a peu de plaisir et d’harmonie dans la relation et souvent elle rejette le contact physique. 

> L’enfant n’a aucune confiance dans les réponses et s’attend à être repoussé quand il cherchera réconfort et protection. 

> Il tente donc de vivre sans soutien de la part des autres. Il ne recherche pas le contact, il reste dans l’évitement et l’indifférence.

> ADULTE : cette personne est dans un état d’esprit détaché et exclue, par défense, ses états affectifs. Elle se montre indifférente émotionnellement dans les relations. Elle se présente comme ayant confiance en elle, mais pas dans les autres. Dans ses relations amoureuses, elle recherche l'amour et l'intimité mais, de par son expérience passée, elle a un niveau élevé d’indépendance et évite cette intimité par peur d'envahissement ou de trop souffrir. Elle recherche peu la validation d’autrui et ne croit pas qu’un/e partenaire puisse lui offrir du soutien émotionnel. 

LE MODELE ANXIEUX

> Il est associé à une incohérence des réponses maternelles entre disponibilité et rejet.

> L’enfant, en état de confusion, n’est pas sûr de la réponse ni que son parent sera disponible s’il fait appel à lui.

> Il est sujet à l’angoisse de séparation, s’accroche à sa figure maternelle et se montre angoissé pour explorer le monde. Sa figure d'attachement fait combler son manque affectif par l’enfant, le culpabilise, fait du chantage émotionnel, est exagérément affectueuse puis non disponible et maintient une relation de dépendance. 

> ADULTE : cette personne est dans un état d’esprit préoccupé. Elle semble débordée par ses émotions liées au passé et manque de confiance en soi. Dans l’intimité, elle cherche un niveau élevé de proximité, de sécurité, de stabilité et l’approbation permanente de son/sa partenaire, et se sent ainsi très dépendante. Elle craint plus que tout le rejet ou l’abandon et a tendance à s’accrocher, voire à devenir étouffante quand elle se sent menacée de perdre l'autre. Elle reste donc en hypervigilance au moindre signal de sentiment d’insécurité. 

LE MODELE DESORGANISE

> Il est associé à des attitudes contradictoires ou incompréhensibles. 

> L’enfant prend des attitudes contrôlantes pour tenter de structurer le parent, il recherche et en même temps évite le contact. Sa stratégie d’attachement est incohérente. 

> La mère présente des signes de désorganisation, de deuils ou traumatismes non résolus, une dépression. Elle peut avoir un comportement effrayant (elle maltraite) ou effrayé (quand elle a été maltraitée). 

> ADULTE : cette personne est dans un état d’esprit désorganisé quand elle évoque des expériences traumatiques (perte, séparation, abus). Sa pensée ou sa logique sont perturbées. Dans les relations intimes, elle alterne l’attachement évitant et anxieux dans un comportement ambigu. Elle veut l’intimité mais se sent mal à l’aise dans cette proximité. 

La psychothérapie permet, en cas d’attachement non sécure, de prendre conscience de son modèle de relation reproduisant celui mis en place dans l’enfance - qui est utilisé de manière exclusive et défensive -  et de recréer, avec l'aide du thérapeute, un climat de sécurité permettant d’éprouver un attachement plus sécure dans ses relations.

Source : Psychopathologie – M. Delbrouck


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

La théorie de l’attachement

Retrouver un regard bienveillant sur soi, est-ce possible ?

Dois-je continuer ou arrêter ma psychothérapie et comment le faire ?

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo