PSYCHOPRATICIENNE - Psychothérapie individuelle pour adultes & adolescents
Membre adhérente du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie relationnelle et psychanalyse

Dépendance amoureuse et régression infantile


Dépendance affective et régression infantile

J'ai accompagné une femme d’une soixantaine d’années, troublée à son âge d’être aussi dépendante d’un homme, obsédée par lui, jusqu’à oublier de vivre pour et par elle-même. Elle vit par procuration en quelque sorte, son histoire à lui, comme une série palpitante dont elle ne pourrait pas se passer.

S'oublier et vivre à travers l'autre dans la dépendance

Il lui envoie des photos dans ses activités quotidiennes, lui écrit pour entretenir cette relation et elle se rend totalement disponible pour répondre aux heures qui l’arrange lui, elle s’empêche de dormir pour être là 24h/24, dès qu’il en a besoin. Elle pense ne pas pouvoir se passer de cet homme, physiquement elle a besoin de se retrouver dans ses bras, de se fondre en lui. En dehors de ces moments avec lui, elle croit que sa vie est vide, que rien ne peut la remplir comme lui. Elle dit qu’il a tout ce qu’elle n’a pas. Et il en joue consciemment ou inconsciemment, quand elle se rebelle, il l’exclue, il la prive de relations sexuelles comme une punition. Et c’est encore plus insupportable pour elle. Donc elle retombe en dépendance. Un cercle vicieux.

Dépendance affective et régression infantile

On parle de dépendance affective à ce niveau-là. Et l’une des pistes de réflexion serait de remonter le temps, parce que beaucoup de choses se sont jouées enfant, dans ses relations à ses parents. Son père était très autoritaire et très peu affectueux, sa mère peu maternelle ni démonstrative, elle a cruellement manqué d’amour, de tendresse, de contact charnel. Elle attend donc cela de cet homme, elle projette sur lui ses besoins, ses attentes, ses manques insatiables. Chose qu’il ne peut absolument pas combler. D’abord par incapacité, mais surtout parce que ce n’est pas son rôle.

Il s’opère comme une régression infantile, elle vit de manière démesurée le manque et les peurs de ce qui constitue certains des stades de la théorie de la sexualité de Freud :

Le stade narcissique (de la naissance à 3 mois) où l’enfant a besoin d’être touché, caressé, admiré, de ne faire qu’un avec l’autre, d’une relation fusionnelle, d’être le centre du monde (égocentrisme)… et a peur d’être abandonné, de perdre le regard de l’autre.

Le stade oral (entre 3 et 18 mois) où l’enfant a besoin de se remplir, de consommer, d’être nourri et protégé par autrui… et a peur de manquer d’amour, de connaître le vide.

Ces envies et peurs restent naturellement et normalement présents à l’âge adulte, mais lorsqu’ils sont démesurés ou à l’inverse rejetés, la personne peut être retenue dans un ou plusieurs stades et donc maintenue dans une position d’enfant

Des clés pour sortir de la dépendance affective

Il s’agit de sortir de cet égocentrisme pour s’ouvrir vers les autres et s’auto-rassurer de cette peur d’être abandonné. Il s’agit également de travailler à se remplir par soi-même sainement, donner à notre enfant intérieur ce qu’il n’a pas eu (en sortant des addictions qui sont des pathologies où l’on essaye de se remplir artificiellement et de manière éphémère : alcool, cigarettes, achats, sexe, paroles…). En fait notre enfant est aux commandes, de son point de vue il n’a pas été assez aimé ou rempli (au niveau de la nourriture physique, affective, intellectuelle, estime de soi…). Pour transformer cette insécurité intérieure, le travail sur l’estime de soi est important. Conscientiser nos manques infantiles, écouter notre enfant intérieur qui crie sa détresse, nous positionner en adulte pour reprendre les rênes et nous apporter ce que nous n’avons pas reçu. Il s’agit de l’histoire d’une femme mais la dépendance affective touche également de nombreux hommes.


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