PSYCHOPRATICIENNE - Psychothérapie individuelle pour adultes & adolescents
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L'engagement est-il une perte de liberté ?


Engagement perte de liberté

Vaste question que celle de l’engagement, celui qui nous fait plus ou moins peur, celui où l’on se lance en confiance, parfois avec candeur, ou au contraire celui où l’on avance à reculons et celui que l’on fuit. Parce qu’engagement peut rimer avec sentiment de définitif, enfermement, perte de liberté, attentes trop fortes sur soi, renonciations aux autres choix possibles, fidélité, restrictions, poids… c’est l’un des thèmes souvent évoqués en psychothérapie, surtout l’engagement dans l’univers affectif, mais cela a également des résonances dans les domaines professionnel et amical. Bien entendu, la crainte de l'engagement concerne autant les hommes que les femmes mais là, j’ai choisi l’exemple d’un homme en thérapie pour illustrer.

Un homme face à sa peur de s'engager

Il évoque son besoin de liberté et ses difficultés à s’engager, avec l’impression de se comporter souvent comme un adolescent. Dans le domaine affectif, il est dans la séduction mais il ne mesure pas l’engagement que cela représente. Avec sa femme, il n’a jamais déclaré ses sentiments, il ne se projetait pas dans l’après, cela a toujours été elle le moteur de la relation et il a mis des années à tenter de s’y installer. D’ailleurs, il s’y sent toujours un peu spectateur, ses envies ne sont jamais claires. Il ne veut aucune obligation. Il a beaucoup de mal à décoder les attentes sur lui. Il a l’impression de perdre son libre-arbitre et se sent manipulé dès que l’on attend quelque chose de lui. Globalement, la relation contractuelle lui est difficile. Donc il ne s’implique pas.

Il est plus dans le subir que dans l’agir. Engagement sonne comme danger, incertitude, fatalité aussi et il préfère se laisser porter par les événements et les demandes qu’on lui adresse, plutôt que de prendre les choses en main. Il est même en panique à l’idée de passer à l’action, notamment à cause des résultats attendus. 

Si l’on remonte avec lui dans son enfance, il réalise avec un certain désarroi qu’il n’a pas eu de modèle parental sur lequel s’appuyer concernant les interactions, chacun ne sachant quoi faire, quoi dire, les uns vis-à-vis des autres. Il n’avait pas non plus de projection dans le futur, d’identification possible pour savoir quoi imaginer et réaliser dans sa vie d’adulte, quel métier, comment envisager les relations affectives… Confronté à beaucoup d’interdits et d’indifférence de la part de sa mère, peu d’attentions ou d’attentes de la part de son père, et non récompensé de ses efforts, il grandit sans aucune ambition personnelle ni mode d’emploi pour avancer. Il ne s’autorise donc pas de lui-même à agir, à se faire confiance, il ne provoque rien. Il craint de décevoir lorsqu’on attend de lui quelque chose. Il conclue qu’il ne sait que faire de l’amour que les autres lui donnent, et s’interroge sur la nature de l’amour qu’il pourrait apporter, il a le sentiment de prendre plus qu’il ne donne.

S’engager, c’est donner de soi en partie

S’engager implique donc de s’investir personnellement, un minimum bien sûr, il s’agit de faire des choix et donc de renoncer par ailleurs, de se mouiller en quelque sorte puisque l’autre attend de nous un investissement, des actions, une interaction, une co-construction (que ce soit dans le domaine amoureux, mais aussi en tant que parent vis-à-vis de son ou ses enfants, dans une relation de travail également), une certaine idée de fidélité et de droiture… Et l’on peut le vivre positivement parce que c’est un choix personnel et que l’on sait que nous allons y gagner quelque chose, que cela nous rendra heureux, que c’est notre désir… mais on peut le percevoir comme une privation de liberté, un piège même en tant qu’il est perçu comme un lien angoissant. On peut se sentir coincé, sans issue de sortie possible, un vrai enfermement générateur d'inquiétudes.

Et puis il y a la notion de donner. Donner dans les relations, c’est perdre un peu de soi c’est vrai, et l’on ne se rend pas forcément compte que c’est en donnant de soi que l’on s’enrichit. Sinon, nous restons autocentrés, nous ne prenons aucun risque, nous subissons, nous faisons difficilement confiance, nous interagissons peu, nous ne construisons pas beaucoup… Pour s’engager, assumer et en récolter les fruits, il est nécessaire de se décentrer de soi, mûrir aussi dans notre volonté infantile de toute-puissance, c’est-à-dire de tout avoir en même temps et de ne renoncer à rien ; choisir et s’engager c’est passer à côté de pleins d’opportunités et de possibilités certes, mais ne rien choisir et ne pas s’engager c’est aussi passer à côté de belles opportunités et possibilités qui peuvent nous combler.

Notre vision de l’engagement dépend aussi des exemples de notre histoire (comportements des parents, de l’entourage en ce domaine), de notre vécu personnel, si nous avons déjà été déçus, trahis, blessés dans un ou des engagements… Il est donc parfois nécessaire de regarder de plus près, à partir de nos choix ou non-choix et de nos comportements, s’il y a des blocages, des peurs à lever pour pouvoir s’engager de nouveau, que ce soit affectivement ou professionnellement, reprendre le contrôle sur notre vie, agir par choix assumés. Un chemin de libération et d’affirmation de soi.


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