PSYCHOPRATICIENNE - Psychothérapie individuelle pour adultes & adolescents
Membre adhérente du Syndicat National des Praticiens en Psychothérapie relationnelle et psychanalyse

Psychogénéalogie : quelles questions se poser ? (partie 2)


Famille identification psychogénéalogie

Nous nous construisons progressivement par un processus d’identification aux personnes de notre entourage. Pour Freud, l'identification est une "assimilation d’un moi à un autre, étranger, en conséquence de quoi ce premier moi se comporte, à certains égards, de la même façon que l’autre, l’imite et dans une certaine mesure, le prend en soi. Elle est une forme très importante de la liaison à l’autre, vraisemblablement la plus originelle". Ces identifications peuvent être analysées pour comprendre ce qui nous a construit, inspiré positivement et négativement et pouvoir nous en détacher si cela ne nous convient plus.

S’identifier à la mère et par extension à la femme

L’identification à notre mère nous donne, par la qualité de son regard sur nous, notre première image narcissique (il s'agit de l'amour de soi qui va dépendre de ce que nous avons perçu et ressenti) et elle marque d’une empreinte forte la manière dont nous vivrons plus tard nos relations affectives.

Par exemple, une mère très fusionnelle qui rend son enfant dépendant d’elle et s'aime à travers lui, provoquera chez ce dernier cette même recherche de fusion, dans des passions amoureuses dévorantes ou des amitiés excessives et exclusives. A l’inverse, un enfant qui ressent un attachement maternel sain (qui l’aura laissé progressivement se séparer d’elle en favorisant son autonomie), saura vivre des relations amoureuses plus équilibrées et ne craindra pas de vivre une dépendance normale et saine à l’autre ni ne redoutera exagérément une éventuelle séparation ou d'être abandonné.

En idéalisant sa mère, une fille aura tendance à s'auto-dévaloriser, parce que ne se sentant jamais assez bien par rapport à elle, et un fils aura l'impression qu’aucune femme ne sera à la hauteur de sa mère.

Au contact de la mère, fille et garçon vont s’imprégner de cette féminité à partir de son caractère, ses opinions, sa manière de vivre, son rapport à la féminité... Si elle est heureuse de l'être, sa fille saura exister pleinement en tant que femme ; une femme non heureuse de l’être pourra provoquer chez sa fille une incapacité à s'épanouir dans sa féminité et chez son fils une misogynie parce qu'il n'aura pas intégré sa féminité intérieure.

Une femme dépendante ou autonome vis-à-vis de son partenaire pourra imprégner sa fille qui deviendra dépendante à son tour, ou à l’inverse ne supportera pas l'idée de dépendance et ne se laissera rien offrir de la part d'un homme… Une femme trop écrasante dans le couple et la famille amènera les enfants à associer féminité et danger ou peur.

S’identifier au père et par extension à l’homme

Le père apporte à l'enfant l’ouverture sur le monde extérieur, il joue un rôle de séparateur, essentiel à la bonne construction de l’enfant. Il apprend donc à son fils à être un homme, en lui donnant des codes, une image de la masculinité (au niveau du corps, de l'affectivité, intellectuellement, sexuellement...). S'il ne lui transmet rien volontairement, le fils s'en imprègnera par observation et imitation, et ce, positivement ou négativement. Cela lui permet de savoir comment se positionner au sein du couple, de la famille, professionnellement, dans son relationnel aux hommes et aux femmes, se donner un modèle de paternité. La fille va s’identifier au père et définir sa représentation de l’homme. De là elle se construira un référentiel qui lui servira de guide dans ses futurs rapports aux hommes.  

Devant un père absent (qu'il le soit physiquement ou bien affectivement, c’est-à-dire qu’il n’a pas pris ou su prendre sa place de père volontairement ou non), un fils peut se rebeller, avoir des difficultés à gérer sa vie, partir dans la délinquance... tout cela par manque de re-père ! Une fille, en l'absence d'un père, peut avoir tendance à idéaliser les hommes, n'ayant pas de modèle d'identification bien incarné devant elle et se dévaloriser (faute d’avoir reçu de son père une image positive d’elle-même). Elle aura tendance à s’attacher à des hommes eux aussi absents, ou entretenir une volonté de vengeance pour "faire payer son père" à travers eux.

Devant un père inaccessible ou colérique, qui provoque de la peur chez ses enfants, le fils ne se sentira pas autorisé à le dépasser et à occuper pleinement sa place d’homme et la fille va probablement associer masculinité avec terreur ou violence. Elle aura alors tendance à se rebeller, tomber amoureuse d'hommes semblables à son père ou à l’inverse des hommes doux, effacés...

L’homme sera aussi source d'identification quant à ses valeurs, sa morale, ses croyances, sa vision et sa manière de traiter la femme, sa sexualité, son rapport au travail, à l’argent…

Les autres identifications chez l'enfant

L’enfant va également s'imprégner du modèle du couple parental, et lui permettre de déterminer si l’amour entre un homme et une femme est possible, souhaitable, à craindre parce que trop douloureux ou violent... il va s'identifier au modèle qu'il a connu ou décidera de vivre l'inverse.

Il s'identifie aussi à sa fratrie s'il en a une (ou une fratrie recomposée) en cherchant sa place ; Soit en se différenciant, par comparaison aux autres pour surtout rester unique et ainsi garder l'amour unique de ses parents, ou soit en prenant des caractéristiques qui deviennent son identité pour être sûr de se sentir aimé (en copiant le "préféré" par exemple).

Il s’identifie bien sûr de manière plus étendue à ses grands-parents s'il est habitué à les côtoyer, ses cousins, oncles et tantes... selon ses affinités. La notion de "préférés" se rejoue à toutes les générations et influence la constitution de la personnalité. 

Nous ne pouvons pas être totalement libres de tout et nous nous sommes construits sur et grâce à un héritage familial. Si nous restons en identification - que ce soit en reproduisant le modèle ou en faisant tout l'inverse par réaction, dans les deux cas nous ne sommes pas neutres mais influencés - sans faire le tri dans ce qui nous convient vraiment et ce que l’on suit par fidélité familiale, nous nous empêcherons de vivre librement notre vie amoureuse, professionnelle, d’être les parents que nous souhaitons être...


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